Aventures Pulp en Asie Centrale

Ce projet ludique prend pour cadre l'Asie Centrale, entre les années 1890 et 1930.

Un ennemi terrifiant, invisible et tentaculaire menace toute civilisation, s'infiltrant à tous les niveaux de la société. Les puissances sont bien trop occupés au "Grand Jeu" des rivalités impériales pour y prêter attention. Seul quelques individus luttent pour la survie de l'espèce humaine. Pour en savoir plus, cliquez en haut sur la page "Scénario".

Le terrain de jeu est centré sur la ville de Kashgar, et borné au sud par l'Himalaya, à l'ouest par l'Afghanistan, à l'est par la capitale de la province chinoise du Sinkiang, et au nord par les monts Tien Shan. Une page sera créée pour chaque région, au fur et à mesure qu'elles seront intégrées dans le projet.

Un monde menacé par un mal perfide, balayé par le choc des impérialismes, puis par des tempêtes idéologiques : les dangers ne manqueront pas pour nos héros en plomb !

La Guerre du Sinkiang 1921-1930

La révolution chinoise de 1911 a porté Sun Yat-Sen au pouvoir, mais il était obligé de rapidement céder la Présidence à Yuan Shikai, homme fort de l'ancien régime impérial.  En voulant se proclamer Empereur, Yuan Shikai a provoqué une nouvelle déchirure de la société chinoise.

A sa mort en juin 1916, la Chine entre dans l'Ere des Seigneurs de la Guerre, qui va durer jusqu'en 1928.  Durant ces douze années, des généraux installés dans les différentes provinces vont s'affronter dans une grande violence - leurs armées, partiellement modernisées, mobiliseront plus de 1,4 million d'hommes au plus fort des conflits - tandis que le gouvernement républicain de Pékin est impuissant.


C'est dans le sud que les forces républicaines se regroupent, sous l'égide du parti du Kuomintang.  Il faut cependant attendre la fondation de l'Armée Nationale Révolutionnaire (NRA) en 1924, la mort de Sun Yat-Sen en 1925 et l'instauration du chef de la NRA, Chang Kai-tchek à la tête du Kuomintang, pour que le gouvernement central reprend progressivement le contrôle du pays.  La contre-offensive, appelée "L'Expédition du Nord" démarre en 1926.  En dépit d'une alliance fragile de plusieurs
Seigneurs de la Guerre, la NRA fraie son chemin jusqu'à Pékin, qu'elle prend en 1928.  Le 29 décembre, le dernier Seigneur de la Guerre fait acte d'allégeance, même si des rébellions éclateront sporadiquement jusqu'à l'invasion japonaise en 1931.

Cette guerre aurait pu épargner le Sinkiang.  Lors du soulèvement contre les Qing en 1911, le gouverneur Mandchou s'était enfui mais Yang Zengxin, s'appuyant sur les Hui - Musulmans d'ethnie chinoise - avait rapidement liquidé les Républicains.  Pro-Impérial, il a été confirmé dans ses fonctions de gouverneur du Turkestan Chinois par Yuan Shikai.  Il a installé une politique répressive et impitoyable qui a néanmoins réussi à minimiser le tourment dans la région, et à tenir à l'écart les grands mouvements anti-nationalistes de l'époque - le Communisme, le Pan-Islamisme et le Pan-Turkisme.  Il a reçu le soutien actif des Britanniques, qui voyaient en lui le seul homme capable d'éviter l'éclatement de la région et l'inévitable infiltration des Bolchéviques qui s'ensuivrait.

Il n'empêche que de vastes zones échappent totalement à son influence et tombent sous le contrôle de notables locaux, des seigneurs de la guerre qui ne sont souvent que des bandits de grand chemin habillés dans les vêtements du pouvoir.  Leurs voisins orientaux, bien plus puissants et rivaux de Yang Zengxin, les arment ou leur prêtent des troupes pour suppléer leurs propres contingents.  La frontière méridionale, quant à elle, est régulièrement razzié par les Tibétains, dont le Dalai Lama a rejeté le joug chinois en 1911 et veut le garder éloigner de son pays.

Entre temps, la Guerre Civile Russe fait rage.  En 1920, les Bolchéviques remportent d'importants succès et les armées Blanches volent en éclat.  C'est au mois d'avril qu'un général des Blancs, le cosaque Annenkov, débarque dans le Sinkiang par le nord et s'installe à Urumchi.  Il ne compte alors que sur un millier de soldats organisés, un peu d'artillerie et deux automitrailleuses, mais il entraîne dans son sillon plus de 50.000 réfugiés russes, civils et militaires.  Les Bolchéviques le suivent aussi pour tenter d'en finir.  Yang Zengxin agit vite.  Il invite Annenkov auprès de lui en mars 1921 et le jette en prison.

C'est à ce moment que mon histoire diverge de la vraie : Annenkov a été drogué à l'opium jusqu'à perdre toute volonté et Yang Zengxin a désarmé ses troupes.  Le Sinkiang est resté relativement calme jusqu'à l'assassinat de Zengxin en 1928.
En ce mois de mars 1921 alternatif, le Mal se mêle aux affaires des hommes et provoque un conflit sanglant de plus en Asie Centrale...

Infusé d'une force que d'aucuns qualifièrent plus tard de surhumain, Annenkov s'échappe à ses capteurs et parvient à Urumchi.  Il a dorénavant deux ennemis : les Chinois et les Rouges.  Il organise avec une surprenante rapidité les dizaines de milliers de transfuges russes en une armée efficace, qui harcèle les flancs de l'Armée Rouge.

Depuis l'intervention des Alliés dans la Guerre Civile Russe du côté des Blancs, Lénine projette une
attaque directe contre le joyau de l'Empire Britannique, l'Inde.  Sa première tentative était par l'entremise des Afghans, qu'il a discrètement encouragé en 1919.  La 3ème guerre Anglo-Afghan s'est soldé par une mise en échec militaire des afghans, accompagné cependant par une autonomie politique accrue.  Fin 1919, les Russes arment et entraînent, à Tashkent, des musulmans indiens en exil, désaffectés par le régime britannique.  Ils deviennent les cadres de "l'Armée de Dieu" qui doit rallier à elle les tribus afghanes, puis descendre en Inde.

Les Alliés ayant évacué le territoire russe début 1920, Lénine était sur le point de dissoudre l'Armée du Dieu [historiquement c'est ce qu'il a fait, ndlr], lorsque Annenkov débarqua dans le Sinkiang.  Le menace du Cosaque grandissant, les Bolchéviques ont rapidement compris que l'Armée de Dieu serait l'arme idéale pour le contrer, car elle pourrait rallier à elle non seulement les Afghans, mais aussi les musulmans du Sinkiang, notamment les Ouighours et les Kazakhs, durement traités par Yang Zengxin qui ne favorisait que les Hui d'ethnie chinoise.  Lénine fait renforcer l'Armée de Dieu par des soldats Rouges et la fait traverser les Pamirs en avril 1921.

La présence de soldats Bolchéviques dans le Turkestan Chinois, qui plus est renforcés par des Afghans, réveille le pire cauchemar des Britanniques : la contamination de l'Inde par le Communisme.  Aussitôt l'appui diplomatique des Britanniques à Yang Zengxin prend une dimension militaire et des contingents de l'Armée Britannique des Indes, réputée la meilleure du monde en 1921, débarquent dans le Sinkiang.  Britanniques et Russes sont ouvertement en guerre.

Une brève parenthèse nous envoie loin à l'est, en Mongolie.  La Mongolie a fait cession de la Chine et un étrange mais très charismatique officier russe, le Baron von Ungern Sternberg, surnommé avec une certaine justesse "le Baron Fou" a réussi à s'en emparer, avec l'aide [toute historique, ndlr] de cavaliers tibétains envoyés par le Dalai Lama.  Suite à d'âpres batailles, l'Armée Rouge, dans le contexte de son offensive vers l'Est, culbute la "Division de Cavalerie Asiatique" du Baron Fou qui fuit vers le Sinkiang.  Epuisés autant par l'humeur lunatique de leur chef que par la guerre incessante, plusieurs officiers du Baron Fou se révoltent [historiquement il est ensuite livré aux Bolchéviques et fusillé, ndlr].  Grâce à ses loyaux Tibétains, von Ungern-Sternberg déjoue le
complot et débarque à Urumchi à la fin de l'été 1921.  Le Dalai Lama, qui y voit le meilleur moyen de déstabiliser Yang Zengxin, lui envoie des troupes fraîches.  Si le Baron Fou est nominalement allié aux Blancs d'Annenkov, les deux hommes sont très suspicieux l'un de l'autre et ils coordonnent très peu leurs campagnes militaires.  von Ungern-Sternberg fond d'ailleurs son propre gouvernement près de Turfan, bien à l'écart d'Urumchi.

La situation devient encore plus confuse en 1922 lorsque les Basmachis s'installent dans les Pamirs et le Tien Shan.  Depuis 1916, les Basmachis de Turkestan Occidental - un ensemble de royaumes et de peuples turcs de religion musulmane - sont en révolte contre les Russes qui veulent les enrôler de force dans leurs armées.  Cette rébellion est durement réprimé par les Bolchéviques en 1918, avec d'importants massacres, ce qui ne fait qu'accélérer l'adhésion des populations civiles musulmanes.  Il est dirigée par l'émir de Boukhara, qui continue la lutte depuis l'Afghanistan après son exil forcé en 1920.  Les Basmatchis sont également appuyés par des confréries soufies, le soufisme étant un Islam mystique, impliquant des passages initiatiques, sous l'égide d'un maître, un sheikh.

Puis en novembre 1921, l'ancien ministre de la Guerre de l'Empire Turc Ottomane, Enver Pacha, est arrivé en Turkestan.  Il a quitté la Turquie en 1919, condamné à mort par contumace par le nouveau régime.  En été 1921, il a rencontré Lénine dont il a gagné la confiance, et il lui a été confié la suppression du mouvement Basmachi.  Aussitôt arrivé, Enver Pacha a tourné sa veste et a levé l'étendard du Pan-Turquisme.  Sa mégalomanie est légendaire : il signe ses écrits comme "Commandant en chef de toutes les armées musulmanes, gendre du Calife et représentant du Prophète".  Son appel au jihad a permis à Enver de réunir une armée de 16.000 hommes et à s'emparer de Samarkand.

Les Bolchéviques, qui craignaient la contagion, ont riposté en force.  Le 4 août 1922, les Basmachi ont essuyé une sévère défaite où Enver Pacha manqua de peu la mort [historiquement il a été tué ce jour là, ndlr].  Les Basmachi se sont repliés dans les Pamir et dans le Tien Shan en attendant des jours meilleurs, et les ont trouvé, car les Ouighours et les Kazakhs sont sensibles au discours du Pan-Turquisme.  Enver Pacha parvient même à rallier à lui des soldats de l'Armée de Dieu, où la cohabitation du communisme et d'islam est pour le moins délicate.

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